Voici plus de deux ans qu’à chaque occasion et notamment à l’issue des comités de concertation (CODECO) relatifs à l’évolution de la crise sanitaire, les personnalités politiques, tous partis confondus, nous répètent avec insistance que l’enseignement est un secteur essentiel.
Nous n’avons pas attendu la crise sanitaire pour le savoir.
Non seulement ce secteur est essentiel mais c’est un secteur dans lequel il faut investir car c’est une richesse pour la société. Il est évident que des budgets ont été dégagés pour faire face aux impacts de la Covid19 dans les établissements d'enseignement. Pour être totalement transparents et pour « rendre à César ce qui appartient à César », ce sont pas moins de 150 millions qui ont été injectés dans l’enseignement obligatoire, un peu plus de 9 millions dans l’enseignement supérieur et 5 millions dans l’enseignement de promotion sociale. Tout cela s’inscrivant dans un contexte budgétaire déficitaire pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. Montant de l’ardoise : un milliard d’euros. En outre, le financement des chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence atteindra 278.000.000 euros en 2022.
C’est dans ce contexte que se tiennent les négociations relatives au futur accord sectoriel. Déjà loin d’être évident en « temps normal », l’exercice devient périlleux en temps de crise. Rappelons que le Décret impose au Gouvernement de procéder à ces négociations avec les partenaires sociaux (employeurs et organisations syndicales) tous les deux ans. Pour la première fois, le Gouvernement propose de conclure un accord portant sur quatre années. Il justifie cette mesure exceptionnelle par le contexte décrit plus haut mais également par la difficulté de mettre les mesures en place dans un délai de deux ans.
Au-delà du délai, le Gouvernement dégage une enveloppe budgétaire d’un montant de 32 millions d’euros à l’horizon 2024.
Parmi les mesures coûtantes, le Gouvernement propose d’augmenter la partie fixe de la prime de fin d’année sur les années 2022, 2023 et 2024, la mise en place d’une étude visant à objectiver le temps de travail des personnels de l’enseignement obligatoire, le soutien aux directions du fondamental ainsi qu’une prime forfaitaire « numérique » pour les directeurs des établissements de promotion sociale et les membres du personnel de l’enseignement supérieur. La partie "qualitative" (mesures non coûtantes) devant encore faire l’objet d’une présentation.
C’est dire si nous sommes loin des revendications du cahier déposé par le front commun et qui était axé sur la lutte contre la pénurie.
A cela s’ajoute le ras-le-bol généralisé des personnels de l’enseignement qui sont constamment sous pression : les conditions de travail de plus en plus compliquées, exacerbées par la crise sanitaire se dégradent, les propos méprisants de certains politiques à l’égard des personnels choquent, les réformes à la hussarde - sans qu’on en perçoive la cohérence systémique - perturbent, …. L’adhésion indispensable est compromise !!! Il est temps de réagir si l’on veut rendre son caractère essentiel à l’enseignement.
Les politiques ont assez parlé, ils doivent maintenant joindre les actes à la parole.
Le front commun syndical de l’enseignement élargi aux personnels administratif, ouvrier, technique, scientifique et académique des universités passe à l’action. Le jeudi 10 février prochain sera une journée de grève dans l’enseignement. Nous organisons une concentration devant le siège du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Les modalités pratiques seront communiquées en temps utiles par nos mandataires locaux. Nous vous invitons à vous associer largement à cette action.
[d'après Roland Lahaye, secrétaire général CSC-Enseignement]
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