Article paru dans le n°157 du Droit de Savoir
Selon le décret du 7 novembre 2013, un pôle académique est une association sans but lucratif de droit public dont les membres sont les établissements d’enseignement supérieur — parmi lesquels au moins une Université — fondée sur la proximité géographique de leurs implantations. Tout établissement d’enseignement supérieur appartient à un ou plusieurs pôles académiques, selon le lieu de ses implantations. Cette appartenance est déterminée par la liste des habilitations à organiser des études initiales de premier et deuxième cycles telles que précisées dans l’annexe II du décret.
Cinq pôles sont constitués : le pôle de Liège-Luxembourg, le pôle Louvain, le pôle de Bruxelles, le pôle hainuyer et le pôle de Namur.
Les 144 établissements qui constituent l’enseignement supérieur francophone (6 Universités, 20 Hautes écoles, 16 Ecoles supérieures des arts et 102 Instituts d’enseignement supérieur de promotion sociale) font donc partie d’un pôle. En outre, 9 de ces établissements (2 Universités — l’ULB et l’Université de Namur — et 7 Hautes écoles) sont membres de deux pôles. Enfin, deux autres universités (l’ULg et l’UCL) sont membres de trois pôles.
Les compétences des pôles
Un pôle académique est un lieu de concertation et de dialogue entre établissements d’enseignement supérieur. Il a pour mission principale de promouvoir et soutenir toutes les formes de collaborations entre ses membres et d’inciter ceux-ci à travailler ensemble en vue d’offrir des services de qualité aux étudiants.
Ainsi, selon les termes de l’article 53 du décret, le pôle académique :
• favorise et accompagne la mobilité des étudiants et des membres du personnel, dans le respect de leur statut et sur base volontaire, entre les différentes implantations et les établissements ;
• offre des services collectifs destinés au personnel et aux étudiants, notamment des bibliothèques et salles d’études, des restaurants et lieux conviviaux, des services médicaux, sociaux et d’aide psychologique, des activités sportives et culturelles, et peut gérer les recettes et dépenses associées ;
• fédère ou organise le conseil et l’accompagnement aux parcours d’études personnalisés, ainsi que le support pédagogique pour les enseignants ;
• coordonne l’information et l’orientation des futurs étudiants à propos des diverses études organisées et la représentation de ses membres lors de toute activité d’information sur les études supérieures ou en relation avec l’enseignement obligatoire ;
• coordonne des formations préparatoires aux études supérieures et toute autre activité susceptible de favoriser le passage entre l’enseignement obligatoire et l’enseignement supérieur ;
• favorise les relations entre tous ses établissements membres, leur personnel et leurs étudiants avec les acteurs locaux, tant publics que privés ;
• suscite la création à son niveau de centres disciplinaires fédérés de recherche, d’enseignement ou de services, rassemblant les compétences et équipes des établissements membres du pôle ;
• encourage un usage partagé des infrastructures, équipements et biens mobiliers ou immobiliers destinés prioritairement aux missions d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité.
Le Gouvernement a demandé à chacun des pôles d’élaborer pour fin 2014 un plan stratégique.
Les instances de gestion des pôles
a) L’Assemblée générale du pôle (article 58 du décret)
L’Assemblée générale des établissements membres d’un pôle académique en établit les statuts.
Ces statuts définissent notamment : la mise en œuvre des missions du pôle ; son mode de fonctionnement ; son siège social ; les compétences, la composition, le mode de désignation de ses membres et le mode de fonctionnement de son Conseil d’administration, ainsi que des autres organes de gestion ou d’avis constitués au sein du pôle pour accomplir ses missions.
Au sein de l’Assemblée générale, chaque établissement dispose d’un nombre de voix proportionnel à son nombre de diplômés de formation initiale de brevet d’enseignement supérieur, de bachelier et de master issus d’études suivies sur le territoire du pôle en vertu d’une habilitation détenue par l’établissement sur ce territoire.
L’Assemblée générale statue à la majorité simple, avec une majorité simple parmi les représentants respectivement des Universités, de Hautes Écoles, des Écoles supérieures des Arts et des Établissements de promotion sociale.
b) Le Conseil d’administration du pôle (article 57 du décret)
Un pôle académique est géré par un Conseil d’administration composé de 30 membres au maximum, issus de ses établissements membres. Il est coprésidé par les Recteurs des Universités qui ont leur siège social sur le territoire du pôle et par un Directeur–Président d’une Haute École qui a son siège social sur le territoire du pôle. La composition du Conseil d’administration d’un Pôle académique reflète la taille relative des établissements en nombre de diplômés de formation initiale, obtenus sur le territoire du pôle. Elle y garantit la présence de chaque forme d’enseignement et des différentes catégories de sa communauté académique, dont au moins 20 % de représentants du personnel et au moins 20 % d’étudiants. À l’exclusion des membres ex officio, un tiers, arrondi à l’unité supérieure, au minimum des membres du Conseil d’administration doivent être des personnes de genre différent des autres personnes, sauf impossibilité dûment justifiée.
Les moyens financiers
La Communauté française alloue à chaque pôle une allocation annuelle de 250.000 €, destinée à couvrir ses besoins de personnel propre et de fonctionnement.
En outre, le Ministre Marcourt a indiqué, le 14 janvier 2014, au Parlement de la Communauté française, avoir « apporté une aide ponctuelle à chacun des pôles pour supporter en partie les coûts de rédaction des statuts et la mise en place de ces structures ».
La gestion financière des pôles académiques est assurée conformément aux dispositions concernant les organismes d’intérêt public de catégorie B de la loi du 16 mars 1954 relative au contrôle de certains organismes d’intérêt public.
Les questions de l’heure
Fin mars 2014, les cinq pôles avaient élaboré leurs projets de statuts ; ces textes doivent encore faire l’objet d’une approbation par le Gouvernement (avant fin juin 2014).
Les projets de statuts des différents pôles sont généralement assez similaires. Les disparités portent essentiellement sur le nombre de membres dans le Conseil d’administration de chaque pôle (30 administrateurs pour les pôles de Liège-Luxembourg, de Bruxelles et du Hainaut ; 15 pour le pôle de Namur ; 10 pour le pôle Louvain) ainsi que sur les modalités de représentation du personnel et des étudiants dans ce Conseil.
En ce qui concerne la représentation des étudiants au sein du Conseil d’administration, les pôles de Bruxelles et du Hainaut indiquent que ces étudiants seraient désignés par les organisations représentatives des étudiants au niveau communautaire. Avec, pour le Pôle hainuyer, une clef supplémentaire par forme d’enseignement.
Dans le Pôle de Liège-Luxembourg, les étudiants administrateurs seraient désignés par les conseils étudiants de ces établissements.
Pour le Pôle Louvain, les deux étudiants administrateurs seraient choisis par les étudiants inscrits à un cursus d’études organisé sur le territoire du pôle.
Le Pôle de Namur indique que les trois administrateurs représentant les étudiants seraient élus sur proposition des étudiants du Pôle réunis en assemblée générale.
En ce qui concerne la représentation du personnel au sein du Conseil d’administration, les pôles de Liège-Luxembourg et du Hainaut indiquent qu’ils seraient proposés par les organisations syndicales représentatives. Le pôle hainuyer demande en outre de veiller à une représentation des différentes formes d’enseignement et des différentes catégories de personnel.
Pour le Pôle de Bruxelles, les 6 représentants du personnel seraient désignés, pour moitié par les organisations syndicales, les 3 autres étant proposés, un par les Universités, un par les Hautes Ecoles et un par les Ecoles supérieures des Arts.
Dans le Pôle de Louvain, les deux administrateurs représentant le personnel seraient désignés, l’un par les organisations syndicales parmi les membres effectifs du Conseil d’entreprise et l’autre par les associations du personnel.
Le Pôle de Namur indique que les trois administrateurs représentant le personnel seraient élus sur proposition des personnels des membres réunis en assemblée générale.
On le voit, à ce stade, les différences en ce qui concerne les modalités de désignation des membres du personnel dans les Conseils d’administration des pôles sont importantes.
Ainsi, on trouve des dispositions difficilement réalisables, comme, dans le pôle Namur, la réunion des membres du personnel du pôle en assemblée générale ; on trouve aussi des prescriptions excessives, comme, dans le pôle Louvain, l’imposition d’un choix parmi les membres effectifs d’une représentation du personnel au Conseil d’entreprise — alors que, par ailleurs, aucune exigence n’est formulée pour le choix du représentant désigné par les associations du personnel.
Autre contradiction : dans le pôle Bruxelles, alors que les représentants étudiants seraient désignés par les organisations représentatives des étudiants au niveau communautaire — ce qui est cohérent — , la même logique n’est pas complètement suivie pour la désignation de la représentation du personnel.
C’est pour cette raison qu’en avril 2014, les trois centrales de la CSC compétentes pour l’enseignement supérieur (la CNE, la CSC-Enseignement et la CSC Services publics) ont attiré l’attention du Ministre Marcourt sur la nécessité d’avoir des règles harmonisées dans tous les pôles sur la représentation du personnel et que celle-ci y soit dès lors assurée par les organisations syndicales représentatives des personnels de l’ensemble de l’enseignement supérieur, comme c’est d’ailleurs le cas au sein de l’ARES, en adéquation avec l’avis du Conseil d’Etat sur le décret paysage.
Sans réactions, jusqu’au moment du bouclage de ce numéro.